C’était une chaude journée d’été.

Etait-ce en juillet, en août ? Peu importe.

Dans ma mémoire, seule est gravée la somnolence de la nature ce jour-là où tout semblait figé. Les oiseaux ne chantaient pas, l’air lui-même retenait son souffle, pas la plus minuscule petite brise, la chaleur avait pris possession de l’espace.

Je me promenais autour du lac de Bonlieu, protégée par l’ombre des sapins.

L’un d’eux m’a offert l’hospitalité. Je me suis assise sous ses branches caressantes, presque maternelles. Mes pensées se sont arrêtées, je crois que je me suis endormie.

Je dis je crois, parce que ce qui s’est passé ensuite était tellement irréel, que ce ne pouvait être qu’un rêve.

J’ai tout d’abord entendu le bruit d’un galop.  Comme il se rapprochait, j’ai pu voir qu’il s’agissait d’un chevalier botté, casqué, armé. Je n’ai pas eu le temps ni d’avoir peur, ni de me poser des questions. Il est passé devant moi sur son cheval blanc sans toucher le sol. Il se dirigeait vers un bâtiment que je n’avais pas remarqué et pourtant il était imposant et grouillait de monde. Une foule de moines s’activait dans ce que je devinais être une chartreuse.

Etrange, je me souvenais être passée devant un tas de pierres auxquelles je n’avais pas prêté attention. Le chevalier est entré dans la cour, les moines se sont prosternés devant lui. Eberluée, j’ai vu l’un d’entre eux sauter sur un fier destrier piaffant d’impatience, voler dans les airs, entraîné dans une course vertigineuse jusqu’à ce qu’il s’évanouisse et se retrouve … devant son prieur transformé en mulet !

Quant au chevalier, la légende raconte qu’il fut enlevé de son château directement au ciel sur son cheval blanc par la fée Burgondia et qu’on l’aperçoit quelquefois dans les airs au-dessus du lac de Bonlieu.

Légende, rêve, magie des pierres ayant gardé en mémoire les traces du passé ?

Je me suis réveillée en sursaut, trempée de sueur, je ne savais plus ni quel jour nous étions, ni où j’étais.

Au loin, le lac de Bonlieu étincelait tel un joyau posé sur un écrin de verdure.

Loin du bruit, des bavardages, égal à lui-même. Gardien des mémoires de la terre et des hommes.

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